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Informations pour la Défense des Animaux et de l’Environnement

Pétro-addiction : nous ne sommes pas sortis de l’auberge !

Des vacances de Toussaint sans essence ? Si c’est le cas, merci pour ce qui reste de notre planète, merci de ne pas en détruire davantage via les marées noires, via le CO2, via le CO (gaz mortel), via les particules fines (cancer + maladies des poumons), via les métaux lourds (cancer + Alzeimer)...
Les actuelles files d’attente devant les stations-service sont la preuve cinglante de la dépendance et de la vulnérabilité extrêmes de notre modèle socio-économique, de notre terrible et pathétique pétro-addiction. Comme nous sommes loin du rêve écocratique que nous caressons…
Entre rêve et réalité.
Il y a loin des discours du Grenelle de l’illusion à la triste réalité de la vie quotidienne des gens. La France n’avait pas connu un tel stress pétrolier depuis le choc de 1973-1974. Ce dernier mercredi où j’écrivais ces lignes, plus d’un tiers des Français manquaient d’essence ou de gasoil, et un quart des stations étaient totalement à sec. Aucun usager n’acceptait telle privation et les beaux discours d’un changement de paradigme étaient restés aux vestiaires des vœux pieux d’une économie verte toute cosmétiques. Borloo voulait-il faire de la France un pays écolo ? On constate que son vrai boulot, prosaïquement capitaliste, consiste bel et bien à nous approvisionner en pétrole, et non à nous sevrer. Bien sûr, c’est brutal, nous ne sommes pas « encore » prêts, mais pourquoi ne pas prendre la chose avec plus de sourire et de philosophie, enfin d’écosophie… ? Qui en a profité pour marcher un peu, pour respirer ? D’accord, il faut gagner sa vie, il faut « faire sa journée ». Le covoiturage est-il mission impossible ? « En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées » était un slogan des années 1970. Où sont-elles ces idées ? Dans les dividendes de la compagnie Total ?
Nous en sommes là et c’est bien la preuve que nous sommes prisonniers de ce système, que la décroissance verte ne sera jamais rien d’autre qu’une déclaration d’intention au rang des bonnes résolutions et que nous n’avons aucune autre alternative que celle d’aller droit dans le mur du chaos promis à l’horizon 2050. Sans pétrole, c’est l’impasse. Le directeur général de l’Union des industries chimiques affirme que la pénurie de carburants a déjà coûté un milliard d’euros à son secteur.
Nous ne mangeons plus que du pétrole.
Les énergies fossiles dont on a héritées sont des denrées rares provenant de la noble pourriture de l’histoire du monde. Les satanés créationnistes, ceux qui au nom du dogme réfutent Darwin et l’évolution, ne peuvent y croire puisque selon eux le monde n’aurait que 6000 ans d’âge ! Étrange que ces négationnistes soient pour la plupart des monothéistes nord-américains, eux-mêmes utilisateurs abusifs des ressources pétrolières dont ils nient l’origine, et va-t-en guerre pour remodeler le Moyen Orient à leur plus grand profit pétrolier. Ceci dit en passant…
Tout au long de la genèse géologique, un petit pour cent de toute la biomasse s’est retrouvée enfouie dans les sols ou sédimentée au fond des océans et des lacs, pour se transformer d’abord en kérogène, puis en combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel). C’est le recours à ces combustibles qui a permit au fil des deux derniers siècles l’extraordinaire développement industriel des sociétés dites avancées, avec en corollaire une croissance démographique à un taux que l’on n’espérait pas et une pollution d’une démesure que l’on attendait encore moins. L’idée de progrès est (était ?) humain et il était impensable de renoncer à une telle tentation de croissance en restant figé aux moulins à eau et à la combustion du bois.
Mais l’utilisation planétaire de quantités considérables de combustibles fossiles est à l’origine d’un déséquilibre de plus en plus inquiétant du cycle du carbone, occasionnant une augmentation de gaz à effet de serre dans notre atmosphère et par voie de conséquence un chaos climatique sans possible retour en arrière. Voici donc que presque 7 milliards de terriens sont pris au piège de cette surchauffe, et peut-être encore davantage les populations des nations pauvres et de celles émergentes qui entendent bien, à leurs tours, s’octroyer les aisances de vies individuelle et sociale que de tels moyens sont censés procurer. Les nations qui ont sciemment consumé en priorité et en toute partialité l’essentiel des réserves peuvent-elles maintenant faire la morale aux pays qui entendent suivre l’exemple ? Il y a là un hic insupportable. Une telle situation entraîne subséquemment une crise de moralité suscitée par le comportement ultra égoïste du premier monde, venant en rescousse à une culpabilité évidente résultant du colonialisme et de quasiment cinq siècles d’appropriation des ressources d’autrui.
Stop, ou encore ?
Les stocks de ces combustibles fossiles étant fixes, il faut envisager avec lucidité la date de leur épuisement et sortir d’un état d’ivresse qui n’a que trop duré. On considère qu’au rythme actuel, l’humanité aura totalement épuisé en moins de deux siècles les réserves accumulées pendant plusieurs centaines de millions d’années, c’est-à-dire un million de fois plus vite que ce que la nature a mis pour les constituer au fil des temps géologiques. En 2050, cela fera plus d’un siècle que l’on tire sur l’élastique de l’exploitation minière du pétrole et nous aborderons immanquablement une période de pic (le fameux pic pétrolier de Hubbert), déjà annoncé pour 2010, très souvent pour 2030. Les hauts et les bas du prix du baril auxquels nous assistons (comme en 2008) tiennent aussi de ce phénomène, tout comme certains branle-bas de combats et pas mal d’agitations autour des derniers pays de cocagne des meilleurs gisements. Les exploitations résiduelles seront ruineuses, celle des plateformes en mer étant déjà excessivement coûteuses. À la veille de la déplétion, faut-il s’autocensurer, gérer durablement le solde encore disponible ou continuer à foncer droit dans le mur ?
Les habitudes pétrolivores de l’ère oléocène que nous vivons sont incommensurables, indescriptibles, absolument monstrueuses, si énormes à chaque instant que l’on n’y pense plus, les énergies fossiles sont devenues un oléoderme, notre seconde peau. On peut perdre un enfant, un travail, la raison, mais il semble hors d’imagination de perdre le pétrole. Notre gestion écervelée ne relève pas des sciences économiques mais d’un gâchis commis par des imbéciles. Nous devons gérer parcimonieusement les restes des restes pour assurer les besoins essentiels de demain, notamment l’approvisionnement de certains transports collectifs ou d’intérêts légitimes. Cette belle roche liquide carbonée que nous devrions choyer ne réside pas qu’à la pompe à essence pour les transports utiles et futiles. Elle n’est pas que pétrochimie pour produire les intrants agricoles qui nous ont permis de passer de 3 milliards de terriens sains en 1960 aux presque 7 milliards de semi-cancéreux que nous sommes, et même boom démographique sur toute la planète grâce à cette révolution verte admise comme glorieuse dans la seconde moitié du XXe siècle, puis reconnue maintenant comme un grave égarement puisqu’elle induit une empreinte écologique et énergétique en totale inéquation avec la notion fatale de finitude des stocks. Au XXe siècle, la population s’est multipliée par quatre et la consommation énergétique par quarante ! Le pétrole est aussi dans nos médicaments, dans nos vêtements, dans la majorité de nos produits et de nos objets de progrès, en majorité d’existence futile et contestable. Du biberon de bébé au déambulateur de grand-mère, tout est issu du pétrole. On a même fait du beurre avec du pétrole. En aurait-on mangé ? Bien sûr que oui. C’était dans la ligne des prouesses…
Au sein des mesures draconiennes pour un sauvetage de dernière minute de l’espèce humaine sur cette Terre, le renoncement immédiat, incontournable et irrévocable à la sur-utilisation des produits pétroliers, du gaz fossile et de leurs dérivés est sans conteste l’une des premières mesures globales à définir. Elle se décline avec un nouveau regard sobre, modéré, tempéré, de cette ressource rare, pour une gestion résiduelle la plus durable et raisonnable possible. Le risque à l’horizon est représenté par les guerres d’appropriations, véritables querelles de chiffonniers à l’échelle des empires économiques. Comment imposer la juste répartition, comment esquiver les impostures géopolitiques (du genre axe du bien judéo-démocratique contre axe du mal islamique…) et les remodelages guerriers des régions productrices ? La fin des ressources relève le plus souvent d’un tirage à la courte paille, à la bûchette pour savoir qui sera mangé, comme dans la comptine enfantine. Chez les adultes (il était un petit navire… de guerre), celui qui tient les brins ne pourra qu’être accusé du délit d’initié ! Il appartiendrait à une police du monde de veiller sur une ressource à redéfinir comme patrimoine de l’humanité et non plus enjeu boursier. Une telle nouvelle éthique est-elle concevable, alors que l’eau se voit dors et déjà capitalisée par d’autres types d’émirs ?
Un panel de mesures de restriction est à développer pour une nouvelle attitude plus responsable de la part des consommateurs et des utilisateurs. Alors que nous souffrons d’habitudes bien ancrées depuis plusieurs générations, une telle révolution sociétale ne peut se faire qu’à base d’initiatives citoyennes et les pouvoirs publics devront redéfinir notre mode de vie dépourvue de cette dépendance sine qua non. Nous avons vécu plus longtemps sans pétrole qu’avec. Il reste à recommencer.
Des mesures volontaristes pour sortir de l’oléocène.
Les mesures à appliquer ne manquent pas, voici une brève liste des priorités dont les mesures sont à moduler par les spécialistes compétents :
Campagne mondiale de démotorisation en tous genres (le parc automobile mondial dépasse très largement le milliard de véhicules !).
Fiscalité appropriée à tous les véhicules et calculée au prorata de leur consommation, de leur pollution et de leur légitimité, un peu dans la ligne de l’éco-pastille qui fut l’un des hochets du premier Grenelle de l’environnement, mais nettement plus contraignant. Le système de bonus-malus écologique pour l’automobile, fondé sur les émissions de CO² par kilomètre des véhicules neufs, incite à l’achat éco-responsable d’une automobile propre car plus sobre en carbone. Ce bonus est versé à la première immatriculation pour tout achat d’un véhicule particulier neuf émettant moins de 130 g CO²/km, ce qui représentait ces dernières années quelque 30 % des ventes. On y ajoute le super bonus d’une prime à la casse lorsque l’acquisition du véhicule écologique s’accompagne de la mise au rebut d’un véhicule ancien de plus de quinze ans.
Utilisation de véhicules du type tous-terrains assujettie à autorisation justifiée, tout comme l’ensemble des véhicules lourds et professionnels.
Justification requise au-delà d’un véhicule par domicile, voire par famille.
Renoncement à développer davantage un réseau routier déjà trop dispendieux, aux infrastructures abusives, engendrant bien des impacts nuisibles et bien sûr amplifiés par la circulation des véhicules qui l’empruntent. En Europe, la construction et l’entretien des routes absorbe la moitié de la production nationale de granulats. Tout comme la circulation, les travaux routiers contribuent aux émissions nationales de CO2. Le réseau routier provoque une fragmentation des écosystèmes et l’éviction des espèces.
Incitation au covoiturage, obligatoire dans bien des cas, notamment ceux des déplacements entre le domicile et le lieu de travail.
Gratuité des transports collectifs urbains et quasi gratuité de ceux régionaux.
Péage automobile pour entrer dans les villes et les villages.
Restriction du trafic aérien, à commencer par les vols privés et les lignes intérieures à usage particulier, ainsi que tous les types de vols touristiques, charters ou non, le tourisme aérien étant prescrit et révolu en raison de son coût disproportionné pour la planète.
Prohibition de toute publicité comportant un type de voyage lointain et coûteux en énergie.
Lourde taxation frappant l’utilisation des dérivés pétroliers dans l’ensemble des activités industrielles, textiles, pharmaceutiques…
Etc., liste non exhaustive !
Allons-nous continuer à dormir debout ou sommes-nous prêts ? Il est grand temps.


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