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Informations pour la Défense des Animaux et de l’Environnement

Correspondance entre pro et anti-Center parcs

Bonjour,
Vous trouverez ci-dessous une correspondance entre monsieur Postic, conseiller municipal de Roybon et Quelques opposants à Center Parcs, à propos de Center Parcs et de quelques considérations sur le monde qui l’a rendu possible.
Merci de faire suivre,
Quelques opposants à Center Parcs.

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D. Postic, conseiller municipal de Roybon, le 12 juin 2012 :
Bonsoir,
J’ai été bien surpris de trouver mon nom en plein titre d’un tract distribué dans toutes les boîtes aux lettres de mon village… La célébrité ! Enfin !
Ce papier faisait référence à un autre que j’avais publié. C’est vrai. Mais moi, je l’avais signé.
Je suis bien aise de constater que le vôtre est signé de « Quelques opposants à Center-Parcs » mais cela ne me renseigne pas vraiment sur l’identité des auteurs… Remarquez, ce n’était pas la peine de préciser « quelques », je savais déjà la faiblesse de vos effectifs !
Donc, à vous lire, le modeste élu local que je suis, par la simple volonté qu’il manifeste de voir aboutir un projet qu’il estime être de développement pour sa région, ne peut être qu’un servile valet au service d’une économie, du commerce et des promoteurs ?
Je trouve que votre vision des choses est très simple, pour ne pas dire simpliste. Vos arguments tournent en rond (oui, j’écris bien « en rond »), votre texte ennuyeux et ampoulé ne me fait pas adhérer à la description binaire du monde que vous défendez : il y a donc d’un côté les « consommateurs de loisirs absurdes et sécurisés » et de l’autre, les «  ?????????? » (ne surtout pas employer le mot « consommateurs ») de loisirs non-absurdes et non-sécurisés ? J’aimerais comprendre… Si j’aime le cinéma, dans quelle catégorie me placerez-vous ? Et si j’envisage d’offrir un ordinateur à mes futurs petits-enfants ?… A vous écouter, il va falloir supprimer et fermer beaucoup de choses dans notre beau pays : plus de trains pour partir en vacances, plus de restaurant (et oui, la restauration, c’est bien connu, utilise beaucoup de sous-emplois !) Le chômage va grimper en flèche ! A moins que je n’aie rien compris ? Alors expliquez-moi et faites des propositions constructives !
Certes, le monde claudique… Bien sûr qu’il boite ! Mais il claudique comme il l’a toujours fait et comme il le fera sans doute toujours. Et même si la surpopulation due à l’amélioration de l’espérance de vie (qu’on ne peut tout de même pas regretter !) nous met devant des défis importants à relever pour l’avenir, je prétends même qu’il claudique moins de nos jours qu’autrefois, ne serait-ce que par l’augmentation des connaissances scientifiques qui peuvent justement nous aider à relever ces défis.
Alors aidons-le à moins claudiquer, ce monde ! Et pour cela, soyons dans le positif, soyons dans l’élaboration, la construction et pas toujours dans le dénigrement !
Une chose me frappe à la lecture de votre site : un blog entier consacré à la critique systématique d’une entreprise qui même si elle présente sans doute des défauts ne me semble pas mériter tant. Des critiques, de l’opposition, encore des critiques… Tout se passe sur ces pages comme si la société Pierre & Vacances incarnait à elle seule tout ce que vous haïssez dans notre monde.
Mais vos propositions, à vous, pour que notre monde claudique un peu moins, où sont-elles ?
Allez, sans rancune ! Mais la prochaine fois que vous me citez nommément sur un tract, signez-le. Nous pourrons faire connaissance !
Daniel Postic.
PS : Chiche que vous publiez ma réponse sur votre blog ?

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Le 27 juin 2012.
Monsieur Postic,
Après notre lettre ouverte « Le gris vous va si bien, monsieur Postic ! » (http://chambarans.unblog.fr/2012/06/09/1809/) qui répondait à votre texte « Tout n’est pas blanc, tout n’est pas noir ! » (http://www.bienvenue-au-center-parcs-des-chambarans.org/article-tout-n-est-pas-blanc-tout-n-est-pas-noir-105156367.html), vous nous avez envoyé une réponse que vous nous mettiez au défi de publier, dans laquelle vous paraissiez intéressé de faire notre connaissance. Cela nous a surpris car nous nous étions plus habitués aux insultes et aux menaces de vos amis commerçants plutôt enclins, jusque là, à souhaiter nous « casser la gueule ». Fort de ce désir évoqué de « faire connaissance » un des rédacteurs de notre lettre ouverte vous a, à titre personnel, envoyé par mail un message signé de son nom qui tenait à satisfaire votre supposée attente et auquel vous n’avez à ce jour pas voulu répondre.
Vous agissez ainsi, comme monsieur Vallini, le président du Conseil général de l’Isère. N’avait-il pas nommé une « médiatrice » qui n’a organisé à ce jour aucune médiation ? Ou encore comme monsieur Brémond, le PDG de Center Parcs. N’avait-il pas déclaré à la presse vouloir rencontrer ses opposants ? Son agenda bien trop rempli lui a probablement empêché cette rencontre. Comme c’est souvent le cas, une déclaration d’intention suffit à donner une illusion ; une apparence que l’on donnera aux administrés prêts à penser qu’une démocratie colonisée par la communication reste une démocratie. Nous avons bien sûr publié votre réponse sur le blog "Chambarans.unblog" et nous vous informons que nous y publierons l’ensemble de notre correspondance.
Il apparaît dans votre réponse que vous regrettez une absence de signature. Mais notre lettre ouverte qui vous était adressée, est signée par les Quelques opposants à Center Parcs ! C’est une lettre que nous avons écrite collectivement. Toutes nos publications, qu’elles soient collectives ou individuelles, permettent de nous joindre puisqu’elles mettent toujours à la disposition des lecteurs une ou plusieurs adresses. Vous pouvez retrouver nos écrits sur le blog précédemment cité ou dans le recueil de textes contre ce projet « Chambard dans les Chambarans » publié aux éditions Le Monde à l’Envers que vous pouvez consulter aussi à la bibliothèque municipale de Roybon. Tous les textes sont signés soit collectivement, soit du nom de l’auteur. Ceci alors que, vous en conviendrez, nous ne nous retrouvons pas du tout dans la même situation devant ce conflit. Vous êtes parmi ceux qui soutiennent un projet que les décideurs défendent avec la force de ceux qui ont les lois et les moyens politiques et financiers avec eux et nous, nous nous retrouvons dans la position de ceux qui se trouvent à donner un coup de pied dans la fourmilière (que les fourmis nous excusent pour cette expression métaphorique !). Nous savons que nous prenons un certain risque à nous dévoiler : notre engagement peut en effet avoir des répercussions néfastes sur notre vie quotidienne, familiale et professionnelle. Alors que de votre côté vous en serez naturellement remerciés et certains en sont d’ailleurs déjà remerciés : n’a-t-on pas déjà aidés certains commerçants devenus pro-Center Parcs à s’installer dans des locaux plus spacieux ?
En ce qui concerne le cinéma nous avons des idées nuancées selon qu’il s’attache seulement à faire du chiffre et des entrées ou qu’il s’attache, par exemple, à questionner et bousculer la société et ses normes. Nous tenons toutefois à vous rappeler ce que nous dénoncions dans notre dernier texte « De l’expansion économique » distribué dans les boîtes aux lettres de Roybon : il s’agit bien de votre camp, et non du nôtre, qui a supprimé un extrait du film « La soupe aux choux » qui mettait en scène une situation étrangement très approchante à celle que nous connaissons avec le projet de construction du Center Parcs à Roybon (http://chambarans.unblog.fr/2012/02/19/de-lexpansion-economique/).
Quant à votre grande générosité à vouloir offrir un ordinateur à vos petits-enfants, elle devient plus que discutable s’il s’agit pour vous de les contrôler afin qu’ils expriment exclusivement ce que vous leur laisseriez exprimer. Nous vous rappelons ici que votre camp s’est aussi permis de « vandaliser » une contribution sur wikipédia cherchant à faire taire ce qu’un opposant avait ajouté à propos du projet de Center Parcs, dans l’article sur Roybon (http://chambarans.unblog.fr/2009/08/01/des-vandales-a-roybon/).
Notre beau pays, comme vous dites, que vous cherchez malgré tout à mettre sous bulle thermostatée, doit néanmoins passer, semble-t-il, sous silence certains propos dérangeants ou en tout cas qui ne vous conviennent pas !
Vous acceptez, monsieur Postic, le monde tel qu’il est, et n’imaginez de réponses à ses claudications que dans sa logique et en en perpétuant les nuisances, voire en en créant de nouvelles.
Ce système capitaliste à présent en décrépitude et paradoxalement son développement économique incessant se doivent de créer continuellement de nouvelles consommations, pour beaucoup superflues et pour certaines absurdes, qui induisent un pouvoir et des avantages à certains, mais aussi plus généralement des nuisances, des destructions et des misères. Il y a plus de 15 ans, La Gazette des amis de la Ramade de février 1997 (une publication d’opposants à un projet de parcs de loisir en Auvergne) dénonçait déjà cela :
« Vingt ans de « crise » ont donné un peu plus les mains libres aux puissants. Soi-disant pour sortir la société de l’ornière, tout devrait être asservi au développement économique, d’où viennent pourtant tous les maux. Le résultat est édifiant : le chômage s’est aggravé dans le même temps que l’on bousillait villes et campagnes par des aménagements prétendument « créateurs d’emplois ».
« On peut bien passer toute la planète à la moulinette, de toute façon il ne resterait rien des efforts et sacrifices consentis, puisque tout est conçu, et confisqué, dans le but de résultats financiers qui s’évanouissent aussitôt dans une incessante surenchère : comme au casino, c’est perpétuellement « refaites vos jeux, rien ne vas plus ! »
Que les promoteurs du projet et les commerçants locaux défendent ce système et tentent de l’imposer à une population fragilisée par le chômage ne nous étonne pas. Qu’un "modeste élu local", soit un de leurs porte-parole actifs, est plus surprenant et bien triste. Il est vrai que si ces commerçants expliquaient à la population locale que ce ne sont pas les 700 emplois créés par le Center Parcs qui les intéressent, mais bien plutôt le portefeuille des 5000 nouveaux consommateurs potentiels, ce serait peu stimulant et pas très mobilisateur... Il faut faire croire à la population que c’est par philanthropie qu’on s’intéresse à ce projet (les 700 emplois, bien sûr !) ; et c’est là qu’interviennent "les valets" divers dont les cupides ont besoin.
Nous pouvons d’ailleurs, notez-le, trouver sur Internet une page facebook « Artisans commerçants Roybon » qui relaie de page en page la propagande « pro-Center Parcs ». Nous ne trouvons nulle part de trace d’un quelconque groupe de chômeurs de la région « réclamant » ce même projet.
En cas de réussite de ce projet, il y aura à Roybon des commerçants ravis et des chômeurs contraints, car l’administration les obligera à accepter ces emplois, sous peine de radiation de pôle emploi !
L’histoire témoigne des échecs, des manipulations, des asservissements et des mensonges passés. Souvenez-vous, il y a quelques années seulement, de la fermeture de Schaeffler où votre maire, monsieur Bachasson, proposait à des mécaniciens de profession qui perdaient leur travail, non de sauver leur emploi, mais plutôt, de se convertir au tourisme et à ses emplois bien plus misérables.
Nous tenons aussi à vous rassurer monsieur Postic, il ne s’agit pas pour nous de faire des propositions constructives dans la situation très tourmentée actuelle. Nous serions plutôt à vouloir défaire ce monde qu’à vouloir le faire, le refaire ou le sauver : il faut être totalement obnubilé par la vitrine sous les feux de la rampe pour encore y croire et ne pas voir que, pas plus tard que l’année dernière, le monde a connu l’effondrement financier d’un État européen et une catastrophe nucléaire. Quant à l’augmentation des connaissances scientifiques, elle nous parait davantage alimenter des applications directement rentables et satisfaire la cupidité des intéressés qu’à créer des rapports sociaux égalitaires et à répondre à des nécessités non marchandes. Nous reprochons à ceux pour qui « notre confort n’est pas négociable » (selon les propos tenus par George Bush père) d’accepter l’ensemble des catastrophes qui se succèdent depuis moins de soixante ans (Kyshtym, Winscale, Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima, le Torrey Canyon, l’Amoco Cadiz, l’Exxon Valdez, l’Erika, le Prestige, Deepwater Horizon, Flixborough, Seveso, Bhopal Channelview (Atlantic Richfield), Toulouse (AZF) etc.[1]) comme étant le prix à payer pour continuer à bénéficier de ce « confort » très relatif et rentable pour certains.
Vous nous reprochez, comme on nous le fait depuis 5 ans, notre absence de propositions. Attendiez-vous à ce que nous rivalisions d’initiatives et de créations diverses, afin de sauver et de pérenniser un système que nous dénonçons ? Une partie non négligeable de nos "écologistes" s’attelle déjà désespérément ou servilement à cette tâche.
Notre absence de propositions constructives est notre proposition essentielle.
Nous vous laissons l’avantage de finir cette correspondance à laquelle nous n’avons plus rien à ajouter. Nous publierons bien sûr votre réponse éventuelle.
Quelques opposants à Center Parcs.
[1] Il est question ici des catastrophes des plus connues. Dans notre inventaire à la Prévert, nous pourrions ajouter aussi les pluies acides, la modification du climat due aux gaz à effets de serre qui se traduit par une augmentation de la fréquence des sécheresses, des inondations, des ouragans partout dans le monde ; ou encore les problèmes de déforestation et de l’augmentation du nombre d’espèces disparaissant chaque année ; de l’augmentation du nombre des cancers, de nouvelles maladies ; sans oublier non plus le mal-être général d’une société qui se trouve dépossédée par l’imbrication et le délabrement de la vie sociale capitaliste et industrielle donnant raison au « de toutes façons on n’y peut rien », ce sentiment d’impuissance qui paralyse notre imagination et nos actions.


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