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Informations pour la Défense des Animaux et de l’Environnement

Rénovation d’une maison écologique

Les raisons de notre choix

Plutôt que de construire une maison et d’empiéter sur des territoires naturels déjà bien malmenés (200 hectares de terres agricoles disparaissent chaque jour en France au profit de l’urbanisation : routes, zones artisanales, villes), nous avons opté pour la rénovation d’une maison.
Nous utilisons des matériaux naturels, les mêmes que ceux qui étaient utilisés (et qui ont fait leurs preuves) jusqu’en 1950 : chaux, sable, pierre, bois (et éventuellement terre cuite, chanvre, etc).
Mais la défense de l’environnement ne se définit pas qu’en termes de pollutions chimiques. Elle englobe également les pollutions visuelles, le cadre de vie. En rénovant une maison traditionnelle des Hautes-Alpes, nous contribuons à restaurer et sauvegarder le patrimoine architectural local.

Nous maintenons le savoir-faire des "anciens" ; pas dans une optique passéiste ou rétrograde, mais parce que nous considérons que nous avons beaucoup à réapprendre dans le domaine de l’artisanat, et que dans bien des cas, nos ancêtres avaient mis au point des techniques efficaces, astucieuses, adaptées au climat local, à la géologie, aux matériaux et aux contraintes de la région.
Au niveau du paysage, chacun ses goûts, mais nous apprécions l’habitat traditionnel de montagne, les petites maisons de pierres. Et le nombre de touristes qui parcourent des kilomètres pour venir visiter nos vieux villages nous amène à penser que nous ne sommes pas les seuls à aimer ce style architectural. En rénovant de cette manière, nous contribuons, modestement, à faire vivre le village.

La maison

Nous avons donc opté pour une maison typique du village où nous habitons, située dans la vieille ville. Nous nous sommes volontairement portés sur une maison en ruine, ou plutôt, abandonnée, inhabitée depuis plusieurs années. Pourquoi abandonnée ? Pour deux raisons fort simples mais qui ont leur importance :

une maison en ruine effraye les acheteurs et son prix est souvent attractif.
mais surtout, elle n’a pas été "gâchée" par des années de rénovations inadaptées, et elle n’a pas eu à subir les infâmes innovations des années 70/80 : immonde lino, lambris vernis, papier peint ringard, ciment à tous les étages, amiante, tuyaux de plombs, peintures au plomb, etc, etc !
Au niveau de votre santé, mieux vaut éviter d’avoir à manipuler ces matériaux dangereux. Et au niveau du travail à accomplir, mieux vaut partir d’une maison "vierge" et ne pas avoir à les retirer ! Par exemple, ôter des enduits en ciment est extrêmement physique, quand ce n’est pas tout bonnement impossible : une façade en pierre recouverte de ciment est quasiment condamnée, vous ne pourrez pas la remettre en pierres apparentes et vous serez condamnés à la cacher sous un enduit de chaux ; à moins d’y passer des mois de travail et de tout nettoyer pierre par pierre au burin.

Les travaux

Attaquons maintenant les travaux. Mieux vaut commencer par le haut de la maison, et descendre progressivement pour ne pas re-salir tout ce que l’on vient d’améliorer.

La première chose à faire, et la plus physique, est de tout nettoyer et d’évacuer les gravats : il faut faire tomber tout ce qui est en mauvais état, en particulier les enduits, mais pourquoi pas le toit, certains planchers, etc. Au niveau des vieux matériaux utilisés pour notre maison, nous avons eu à faire à : du plâtre, du chaux/sable (ou chaux/terre), du ciment (prompt ou pas). Nous partons du principe que "tout ce qui doit tomber, doit tomber !" En clair, il faut gratter tous les murs et ne garder que les enduits qui restent bien accrochés à leur support. N’essayez pas de faire le minimum en espérant gagner quelques heures de travail ; mieux vaut tout refaire à neuf et ne plus avoir à retoucher votre maison pendant 50 ans !

Au niveau des outils, il faut prévoir :
*Une pioche, ou tout autre outil de jardin comme une binette, ou tout autre outil muni d’un manche et prolongé d’un crochet : un pied de biche fait bien l’affaire aussi.
*Le meilleur étant une sorte de piolet, de martelet que l’on trouve dans certains magasins et appelé "piqueteur" ou "marteau à piqueter" (le terme utilisé en maçonnerie pour faire tomber un enduit est "le piquer" ou "le piqueter"). Son avantage est d’être léger, maniable, d’avoir un bout pointu et un bout plat pour pouvoir aller entre les pierres.
*Un perforateur ("marteau-piqueur"). Si vous devez travailler une grande surface, optez pour un modèle puissant et cher, plutôt que le bas de gamme qui va s’étouffer très vite. Vous pouvez protéger ses aérations avec un voile grossier, pour éviter qu’il ne s’engorge de poussière.
Le perforateur est efficace, mais c’est un peu l’outil des "feignants". Même si c’est plus fastidieux, nous préférons le piqueteur, qui permet de tout faire à la main et donc de doser les coups ; c’est l’avantage perpétuel de l’homme sur la machine : avec le piqueteur vous n’enlevez que ce que vous voulez enlever, vous n’enlever que ce qui doit tomber, et surtout vous n’abîmez pas vos pierres. Si vous invitez quelques amis et que vous leur offrez un piqueteur chacun, vous pouvez "nettoyer" une grande maison en moins d’une semaine de travail.
*Un grand balais de chantier, pour gratter le mur après l’avoir piqueté, et enlever la poussière.
*Des lunettes en plastique.
*Un masque (à charbon actif, plutôt que les masques en feutre (polypropylène) qui ne filtrent rien).
*Une combinaison intégrale.
*Un Kärcher (ou une marque concurrente). Après avoir piqueté l’enduit, nous passons un coup de Kärcher pour nettoyer les pierres, enlever les salissures et faire tomber les derniers morceaux qui étaient restés fragiles. Attention de bien régler le débit car il peut tout arracher, il ne faut pas complètement déjointoyer les pierres ! Attention aussi à ce que de grosses quantités d’eau ne ruissellent pas dans les étages inférieurs ; utilisez-le en plusieurs passes, ou évacuez l’eau au fur et à mesure.


Note : suite à des dizaines d’années de feux de cheminées, nos murs étaient recouverts et parfois pénétrés par la suie. C’est un vrai problème, car la suie traverse les enduits à la chaux et donne de disgracieuses auréoles marrons. Aux endroits atteints, notamment près des cheminées, nous avons donc piqué l’enduit en profondeur, puis appliqué un produit écologique pour nettoyer les fours (genre "Jex four", mais en bio). Puis frotté vigoureusement à la brosse pour enlever le maximum de suie, puis kärcherisé, puis enduit le tout de ciment prompt. Le ciment est un matériau bloquant, imperméable. Par dessus, nous appliquerons 0,5 cm d’enduit de finition (chaux aérienne), et personne ne verra jamais la différence avec le reste de la pièce…

Quand tous les enduits sont à terre, on les évacue vers la déchetterie (avec l’aide des amis sus-nommés) pour pouvoir commencer la chaux dans de bonnes conditions. Nous conservons toutefois les pierres et les bouts de briques qui serviront à reboucher des trous, et certains enduits, s’ils sont propres, pour faire des remblais.

Ensuite, les choses sérieuses commencent. Nous attaquons les enduits neufs, mais avant, nous avons réfléchi à l’aménagement de notre future maison, et en particulier où passeront les tuyaux d’eau et les gaines électriques. Il faut déterminer les arrivées, les évacuations, et marquer les endroits où tout passera avant de faire les enduits. Vous pouvez même poser vos gaines dès maintenant, et les faire tenir avec des plots de plâtre tous les mètres (note : utilisez du plâtre gros ou plâtre briqueteur, qui est un plâtre naturel).

Outillage :
*Pour le corps d’enduit, celui qui sera "dans le mur", nous utilisons de la chaux hydraulique naturelle, de norme NHL 3,5. La chaux hydraulique fait sa carbonatation avec l’eau, contrairement à la chaux aérienne (CL 90) qui fait sa carbonatation avec l’air. C’est pourquoi on utilise cette dernière en finition.
*Du sable, plutôt propre.
*Une truelle.
*Une auge de maçon.
*De l’eau.
*De quoi doser (boite de conserve ou seau, selon les quantités à faire).
*Deux taloches (une toute petite et une moyenne).
*Des gants imperméables (des gants de rosier en caoutchouc vert, par exemple).
*Des lunettes en plastique.
*Un masque (à charbon, plutôt que les masques jetables qui ne filtrent rien).
*Une combinaison intégrale.

Pour commencer les enduits, nous repassons un petit coup de Kärcher, de tuyau d’eau, ou de pulvérisateur pour humidifier la zone, une fois la veille puis encore une fois avant de commencer. Le support doit impérativement être humide, sinon l’eau contenue dans votre enduit va être pompé par le mur, au lieu d’être utilisé par la chaux pour faire sa carbonatation.
Première étape : on bouche tous les trous et on remet les pierres qui sont tombées.

Deuxième étape : nous préparons un gobetis : un mélange très liquide eau/chaux/sable qui va "salir" le mur et faciliter l’adhérence de notre futur enduit (notamment sur les surfaces lisses). Le gobetis permet aussi de renforcer le vieil enduit, en le re-minéralisant en quelque sorte.
Préparation du gobetis : 1 volume de chaux hydraulique + 1 volume de sable + 1 volume d’eau. Aspect : Plutôt liquide, genre pâte à crêpes.
Le gobetis n’est pas facile à projeter. Les pros utilisent un sablon (cher et pas très facile à trouver), ou sinon une tyrolienne (machine à crépir manuelle). On peut aussi le préparer dans un seau ou une auge, et le projeter sur le mur avec une boite de conserve, un balais brosse, une truelle, etc. Le but n’est pas de recouvrir le mur, mais bien de le salir, grossièrement. Protégez-vous bien car c’est une étape très salissante ! Lunettes, gants et combinaison de rigueur.
Laissez sécher le gobetis au moins 2 jours.
Troisième étape : le corps d’enduit. Recette de l’enduit de chaux.
Dans une auge avec une truelle, par terre à la pelle, ou dans une bétonnière, mélangez 2 volumes de sable avec 1 volume de chaux hydraulique naturelle NHL 3,5. Ajoutez de l’eau jusqu’à obtention d’une mixture ayant la même consistance que la pâte à pain. Projetez cet enduit sur le mur, à la truelle, au sablon, ou à la main. Passez un coup de taloche pour bien l’écraser et le faire pénétrer dans les interstices du mur.

Selon l’état de votre mur, vous passerez quelques jours/heures plus tard une deuxième couche, afin d’obtenir une surface lisse, prête à recevoir l’enduit de finition. Pour obtenir un mur plat (qui n’est pas nécessaire dans une vieille bâtisse), vous pouvez visser dans votre mur de longues baguettes de bois tous les 50 cm environ. Elles vous serviront de niveau.
La chaux se conserve bien et peut se réutiliser. Vous pouvez notamment la recouvrir d’une pellicule d’eau, et la re-mélanger le lendemain pour continuer votre enduit.

A venir courant juillet : l’enduit de finition (chaux aérienne), le badigeon, la plomberie, l’électricité, l’isolation…


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