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Défense animale : il faut s’occuper des humains d’abord

Voici une lettre envoyée à une personne qui reprochait aux défenseurs des animaux de s’occuper de la cause animale au lieu de s’occuper des problèmes humains :

Monsieur,

Vous faites un bien mauvais procès aux défenseurs des animaux.

Votre réponse, qu’on entend si souvent : « il faut s’occuper des problèmes des humains avant de se préoccuper des animaux » est déconcertante.
En effet, non seulement on peut parfaitement se préoccuper à la fois des animaux et des hommes, mais de toute façon il est logiquement impossible de classer par ordre d’importance tous les problèmes de la planète et de les résoudre les uns après les autres. Il y a lieu de penser que les humains auront des problèmes jusqu’à la fin... de l’humanité ; ce qui repousse en ce cas un peu loin la question animale.

Et avec ce raisonnement :
Je ne m’occupe pas des travailleurs titulaires pauvres, car il faut d’abord s’occuper des travailleurs précaires.
Je ne m’occupe pas des travailleurs précaires, car il faut d’abord s’occuper des travailleurs clandestins.
Je ne m’occupe pas des travailleurs clandestins, car il faut d’abord s’occuper des chômeurs.
Je ne m’occupe pas des chômeurs, car il faut d’abord s’occuper des SDF.
Je ne m’occupe pas des SDF, car il faut en premier lieu s’occuper des SDF souffrant de problèmes de santé graves.
Je ne m’occupe pas des SDF souffrant de problèmes de santé graves en France, car il faut d’abord s’occuper des personnes souffrant de problèmes de santé graves dans les pays en voie de développement.
Je ne m’occupe pas des personnes souffrant de problèmes de santé graves dans les pays en voie de développement, car il faut en premier lieu s’occuper des personnes souffrant de problèmes de santé graves dans les pays en voie de développement en situation de conflit armé.

Bon, finalement, je ne m’occupe de rien tant qu’on n’aura pas définitivement résolu les problèmes de santé graves des enfants dont les parents ont été tués ou mutilés dans les pays en voie de développement non démocratiques en situation de conflit armé, de famine, et d’épidémie.
Tenez-moi au courant.

Une justification à votre formule pourrait reposer sur la césure radicale entre hommes et animaux qui prévaut dans nos sociétés. Cette césure radicale, cependant, qu’elle s’enracine dans la Bible ou dans Descartes, repose en dernière analyse sur une pétition de principe qui, transposée à l’intérieur du monde des hommes, a fait des dégâts plus souvent qu’à son tour (Lévi-Strauss, dont on a fêté le centenaire l’an dernier, le prêche dans le désert depuis près de 50 ans).

En attendant, vous ne m’en voudrez pas, j’espère, de m’occuper des hommes au quotidien, dans le cadre de mon travail de praticien hospitalier salarié dans une banlieue peu favorisée, et de militer pour des cirques sans lions, sans tigres, sans jaguars, sans éléphants, sans chameaux, sans lamas, sans zèbres, et sans otaries.

Bien cordialement,

Dr Jean-Paul Richier.


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