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Informations pour la Défense des Animaux et de l’Environnement

Au loup ! Au loup ! Euh non… au sanglier !!

Depuis quelques mois la presse s’alarme de dégâts engendrés par les sangliers qui submergent nos villes. Il ne s’agit bien souvent que de quelques parterres de fleurs retournés, mais ça fait désordre sur le bitume. Bien sûr, on blâme ces mammifères qui nous envahissent, sans penser un seul instant que c’est nous qui envahissons leurs forêts (à raison de plusieurs centaines de milliers de nouveaux logements construits chaque année rien qu’en France).

La préfecture de Meurthe-et-Moselle va bientôt publier un arrêté ordonnant l’abattage d’une centaine de sangliers dans la banlieue de Nancy sur le plateau de Malzéville et vendredi 27 février au matin la battue commencera.
Pour rappel cette battue fera suite à des incidents récents survenue dans l’agglomération de Nancy où des sangliers s’approchent de plus en plus des habitations pour trouver de quoi se nourrir, ou parfois pour échapper à une traque :
- Novembre 2008 - Quatre sangliers étaient abattus par un chasseur lieutenant de louveterie dans la cour d’une maison, au 38 de la rue Parmentier à Essey-les-Nancy en pleine ville malgré les huées et vives protestations des habitants.
- Décembre 2008 - Réfugiés dans la cour de l’école primaire du Mont, rue des Martyrs à Chaligny, une laie et son petit étaient endormis par le vétérinaire du groupe animalier des pompiers. Et relâchés en forêt.
- le 27 janvier 2009 lors d’une battue 30 sangliers sont abattus sur le plateau de Malzéville.
En France le nombre de sangliers abattus est passé de 50.000 en 1975 à 466 352 sur la saison 2006/2007 et la population globale de ces animaux est estimée actuellement à environ un million. En Meurthe-et-Moselle cette année le plan de chasse est fixé à 12 000 « prélèvements ». Il s’agit, pour tous les experts, d’une prolifération exponentielle. Ces spécialistes ont inventorié les multiples causes de ce phénomène (IGE évaluation des risques lies a l’augmentation des densités des sangliers sauvages en France – 2003) : climatiques (température), météorologiques (conjoncturelle dont l’exemple le plus typique est la tempête de décembre 1999), ressources alimentaires naturelles en augmentation (conséquences des évolutions climatiques ou des conditions météorologiques), pratiques agricoles (déprise agricole, l’intensification de la culture du maïs), mises en réserves en augmentation et les pratiques cynégétiques.

Le rapport accuse les chasseurs :
- Raréfaction du petit gibier sédentaire naturel - page 15 : A l’époque où les chasseurs avaient la possibilité de trouver du petit gibier sédentaire pendant la période d’ouverture générale de la chasse, ils ne s’intéressaient que modérément au grand gibier qui était alors le fait d’une minorité notamment en raison de son coût financier élevé. La raréfaction du petit gibier sédentaire naturel, voire sa disparition quasi totale de la plupart des régions françaises sous les effets néfastes de certaines pratiques agricoles : déstructuration du paysage rural, développement de monocultures de céréales notamment du maïs sur de grandes superficies laissant le sol entièrement nu après les récoltes, traitements insecticides et pesticides…ainsi que la mise en place d’une chasse artificielle de lâcher de petit gibier, transformant la chasse devant soi en exercice de tir, ont entraîné une désaffection des chasseurs pour la chasse du petit gibier et un engouement pour la chasse du grand gibier, qui, bénéficiant des conditions favorables décrites ci-dessus et moins sensible aux pratiques agricoles voire favorisé par certaines d’entre elles, entamait le développement de ses effectifs, tandis que ceux du petit gibier naturel déclinaient irrémédiablement. L’urbanisation de notre société a amené de nouveaux chasseurs citadins, étrangers aux territoires, avec pour conséquence première un lien qui se distend entre les ruraux et le monde de la chasse et surtout, par un refus plus affirmé des agriculteurs devant la croissance des dégâts causés à leurs cultures et leurs récoltes.
- Pratique de l’élevage et recours à des métissages avec des porcs domestiques aux robes colorées produisant des animaux plus prolifiques et moins farouches – page 16 : Pour faire face à une demande en expansion pour la chasse du grand gibier, certains organisateurs ou gestionnaires de chasses n’ont pas hésité à avoir recours à la pratique de l’élevage, en espaces plus ou moins clos, de l’espèce qui se prêtait le mieux à cette opération : le sanglier. Si certains ont procédé à la production de sangliers d’élevage avec toute la rigueur requise, d’autres plus soucieux des gains qu’ils pourraient en retirer que de la qualité des animaux offerts, n’ont pas hésité à avoir recours à des métissages avec des porcs domestiques aux robes colorées produisant des animaux plus prolifiques et moins farouches que l’on peut encore trouver dans certaines régions méridionales. Heureusement ces pratiques, dénoncées avec vigueur par nombres de chasseurs et rapidement contrôlées par les services chargés de la chasse, n’ont eu que des effets limités sur la plus grande part des populations de sangliers. L’élevage du sanglier a cependant permis de faire rapidement monter la densité des populations dans les régions où l’animal était implanté et de l’introduire dans des régions où il n’était pas présent.
- Agrainage – page 16 et 17 : Utilisé au départ pour cantonner les animaux sur les territoires où les détenteurs du droit de chasse avaient réussi à entretenir quelques populations, l’agrainage s’est ensuite voulu dissuasif pour protéger les cultures des sangliers pendant la période où elles sont particulièrement attirantes (de mars à novembre soit tout de même les ¾ de l’année !). Aujourd’hui, avec la densité atteinte par les populations, l’agrainage de cantonnement n’est plus nécessaire et l’aspect dissuasif n’est plus aussi efficace puisque pour éviter une trop grande concentration d’animaux sur le même territoire, source de conflits entre groupes, les sangliers préfèrent se répartir sur de plus grandes surfaces, dont les cultures de céréales. En outre, le sanglier est un omnivore opportuniste qui aime varier son régime alimentaire et ce n’est pas parce qu’on lui offre du maïs en quantité qu’il n’ira pas labourer les prairies voisines à la recherche de vers de terre et de petits rongeurs. En dépit de ces éléments, l’agrainage intensif se poursuit de plus belle en quantité et dans le temps, assimilable à ce niveau à un véritable affouragement, puisqu’il est pratiqué toute l’année et a, entre autres effets pervers, celui d’habituer le sanglier à l’homme dont la présence n’est plus systématiquement synonyme de danger, mais de distribution de deux éléments indispensables au sanglier : la nourriture et l’eau. Sur la biologie des laies, cette abondance de nourriture a pour effets : - de permettre l’accumulation de réserves chez les animaux qui sont au meilleur de leur forme pendant la période de reproduction, et passent l’hiver sans dommages, - d’accélérer la croissance et d’obtenir une grande précocité chez des animaux qui atteignent le poids de 30/40kg, seuil de démarrage de la reproduction, au bout de 8 à 9 mois au lieu des 12 à 13 mois habituels, - d’augmenter le taux de fécondité avec jusqu’à trois portées tous les deux ans au lieu d’une portée par an, d’obtenir une plus grande prolificité avec des portées plus nombreuses et un taux de mortalité réduit. En dernier lieu, il faut noter que cet agrainage forcené profite également aux autres espèces de grand gibier et, plus particulièrement au chevreuil.
- Consignes de tir – page 17 : Les seuls éléments évoqués ci-dessus suffiraient à expliquer l’explosion démographique des sangliers. Mais un autre facteur, sans doute le plus influent, réside dans les consignes de tir données aux chasseurs. Pendant la période de reconstitution des populations de sangliers, ce qui était une coutume dans les régions de l’Est de la France (où l’on pratique depuis toujours le tir sélectif) d’épargner les reproductrices (laies de plus de 40 Kg) s’est généralisé à toute la France et cet effort de gestion a porté ses fruits au delà de ce qui était espéré. Cette habitude est aujourd’hui rentrée dans les mœurs de tout chasseur de grand gibier avec les résultats que l’on peut constater. Bien mieux, dans certaines chasses, tout tireur qui ne respecterait pas cette consigne se verrait infliger une pénalité financière conséquente et risquerait de se voir exclu de la chasse. Aussi la consigne de tir (animal de 50 Kg vidé) est extrêmement dissuasive pour un chasseur craignant de mal évaluer le poids de l’animal et s’abstient souvent de tirer. Ces dispositions pouvaient se justifier alors que l’on cherchait à accroître les effectifs de sangliers. Leur maintien est néfaste car les chasseurs ont aujourd’hui la surabondance à gérer. Le sanglier est devenu un gibier banal puisqu’il est partout répandu, y compris dans les plaines s’il existe quelques bois dans les parages, à la périphérie même des villes, dans le voisinage des zones résidentielles où, lui qui était si farouche, cause des dégâts dans les jardins.

Les lâchers en France

De monsieur Jean Crousillat, Docteur en biologie humaine, Membre à titre scientifique de la Commission Départementale de la Chasse et de la Faune Sauvage du Var. - cochons - sangliers (en France et dans le Var mai 2000)
Extraits :
1. Monsieur Vassam (Monsieur sangliers à l’ONC) lettre personnelle : « Les lâchers ont existé de 1977 à 1991 »
2. Chasse gestion N° 70 juin 96 « Il a été demandé à l’ONC d’aider l’ANC GG dans son action visant à limiter « les lâchers clandestins de gibier, notamment de sangliers. »
3. Notes techniques ONC Fiche 45 Avril 88 « Depuis plus d’une dizaine d’années sont effectués régulièrement et de « de façon plus ou moins intensive des lâchers de sangliers » « Ces animaux d’élevage lâchés ont souvent été élevés dans de « mauvaises conditions » ».
4. Colloque de Bergerac - Gestion du sanglier 1994 « a) Une enquête nationale réalisée à la demande de la Direction de la nature et des paysages a permis d’individualiser 1400 installations avec enclos d’élevage de sangliers. Le cheptel reproducteur a été évalué à 22.800 animaux et la production à 62.000 bêtes. » « b ) Page 25 : « les lâchers clandestins existent. » « c) Page 52 : « Une augmentation de la population est la meilleure arme pour faire disparaître les lâchers clandestins » « d) Page 59 : « Les lâchers ont débuté petit à petit puis de façon plus importante et pas toujours légalement. » « e) Dans les Combrailles, il se lâchait en moyenne annuellement environ 50 sangliers. »
5. Monsieur P. Massenet Féd. chasseurs Meurthe et Moselle Lettre personnelle « Les parcs d’élevage doivent être supprimés pour empêcher d’éventuels lâchers qui polluent la génétique de l’espèce.
6. .Colloque de Bergerac (pages 59 et 60) « Si le groupement n’avait pas opté pour des lâchers, les chasseurs locaux auraient pris vraisemblablement l’initiative d’en effectuer eux-mêmes en toute illégalité. »

Sangliers ou cochongliers ?

1) Les techniques de l’O N C. « Ces Inconvénients sont minimes comparés au risque de pollution génétique du fait de croisement avec des porcs domestiques sélectionnés afin d’augmenter la vitesse de croissance et la fécondité ».
2) Colloque de Bergerac « Les chasseurs ayant des difficultés à s’approvisionner en animaux de pure race lâchaient dans la nature le tout venant » .
3) Le Chasseur de sanglier 1998 « Le sanglier authentique est devenu rare. Des croisements avec les porcs, constituant un danger de pollution de la race, ont été réalisés par certains élevages ».
4) Le Chasseur de sanglier Avril 99 : « Un drôle de sanglier abattu » (remarque : il y a une photo, on dirait un Dalmatien !) Peut être s’agit-il d’un gène relatif à un croisement avec un porc domestique ». « Trop de viandards tirent pour vendre, et avec cet argent, Ils lâchent l’année suivante des bêtes d’origine douteuse ».
5) Sanglier Passion Mars 99 « Il est vrai que des croisements ont eu lieu volontairement. Le produit hybride est toujours plus gros, donc plus lourd qu’un sanglier, donc plus rentable ».
6) Sanglier Passion Mars 99 « Il faut bannir et condamner les croisements ».
7) Chasse Gestion N°70 96 Le Docteur Alain François, vice Président de l’A.N.C.G.G. : « un sanglier hors du commun ». Cet exceptionnel sanglier est vraisemblablement un cochonglier d’origine ! « Combien de temps ce secteur devra-t-il subir la pollution génétique de cet animal ? »
8) Colloque de Bergerac 94 « Statut chromosomique des populations de sangliers en France » Sur 2550 analyses réalisées, le pourcentage moyen de sujets à 37 ou 38 chromosomes était de 26,8%. Ce fort taux d’hybridation ne peut s’expliquer que par un croisement largement pratiqué avec des porcs domestiques.
9) Monsieur Vassant (Monsieur Sanglier de l’O N C) -lettre personnelle- « ne souhaite pas que l’on réalise systématiquement des analyses chromosomiques, persuadé que les résultats montreraient qu’il existe des hybrides dans la nature et que les éleveurs utiliseraient à leur profit ces résultats pour demander des lâchers d’animaux croisés ».

Les chasseurs, une minorité qui ne représente que 2 % de la population française a accaparé la gestion de la nature et voilà le résultat ! Une instrumentalisation du vivant pour assouvir leur passion meurtrière. Nous n’allons pas nous appesantir sur les dégâts aux cultures (coût total de 38 millions d’euros dont 21,5 en indemnisations agricoles) ni sur les accidents de la route provoqués (en 2001 : 45000 collisions pour un coût global estimé de 96 millions d’euros) d’autres s’en chargent suffisamment en ce moment où les articles de presse sont légions et où le mantra haro aux sangliers, à mort, à mort en faisant un bruit assourdissent empêche toute réflexion posée.

Bilan national de l’indemnisation des dégâts agricoles de sangliers
La procédure d’indemnisation des dégâts de grand gibier, a été mise en place à partir du début des années 70. Aujourd’hui, nous disposons d’un recul de plus de 35 ans. L’évolution de la totalité des indemnisations versées aux agriculteurs (toutes espèces et tous départements confondus) montre au plan national :
• une phase de croissance ininterrompue pendant près de trente ans ;
• suivie d’une phase de stabilisation de ces dépenses depuis 5 ans.
Actuellement, les dépenses totales d’indemnisation par campagne cynégétique sont de l’ordre de 22 à 23 millions d’euros.
Depuis trois ans maintenant, le volume financier moyen des dégâts causés par le sanglier s’établit à 83 % du montant total des indemnisations versées aux agriculteurs ; celui du cerf à 14 % et enfin celui des autres espèces (majoritairement le chevreuil) à 3 % seulement. Le sanglier est donc sans conteste l’espèce qui commet le plus de dégâts en zone agricole.
La ventilation des dégâts en fonction des principales familles de culture montre que les dégâts de sangliers sur maïs représentent plus du tiers (35 %) du volume financier global (soit un total sur maïs de l’ordre de 6.5 millions d’euros chaque année), ceux sur prairie : le quart, ceux sur céréales (hors maïs) : le quart également, ceux sur oléagineux : 4 %, ceux sur vignes : 4 % également, enfin ceux sur toutes les autres cultures : 8 %.
Seules 367 communes (soit 1.0 % des communes) concentrent à elles seules le quart de la totalité des dégâts de sangliers (4 750 000 €) ; 1 300 communes (soit 3.5 %) concentrent la moitié de l’indemnisation (9 500 000 €) ; 3360 communes (soit 9.1 %) concentrent les trois quarts de l’indemnisation globale (14 250 000 €). Les dégâts de sangliers sont donc en réalité, contrairement à beaucoup d’idées reçues, particulièrement localisés et géographiquement concentrés. Plus des 9/10èmes de la France échappent à l’image classiquement véhiculée par les dégâts de sangliers. En revanche, les noyaux de concentration des dégâts (5% seulement des communes) sont absolument intolérables. C’est grâce aux mesures de gestion de l’espèce, combinées à une approche pertinente de la prévention sur ces secteurs, que tous les acteurs pourront ensemble résorber significativement ces foyers.

Pour nous association de protection animale (mouvement pacifiste très peu écouté en France contrairement à ce que prétendent certains qui nous présentent comme des terroristes écologiques – c’est qui les tueurs, c’est qui, qui coûtent de l’argent ici ?) nous entonnons une autre ritournelle, à savoir :
En ce 21° siècle, il a déjà été réalisé de multiples recherches sur l’intelligence animale et sur leur sensibilité à la souffrance. Elles démontrent toujours plus que les animaux ont un vécu subjectif très semblable au nôtre. Selon le postulat que c’est les organes qui fabriquent la conscience, les vertébrés possédant à peu près les mêmes organes que l’Homme (système nerveux, sens, etc.), n’est-il pas logique d’envisager que les animaux ressentent comme nous (mêmes dispositifs de production d’émotions, de pensées, de souffrance, de joie, de peur, etc) ? Alors pourquoi deux poids deux mesures une pour les humains et une autre pour les animaux ? Pourquoi cette instrumentalisation des sangliers comme de vulgaires choses qu’on fait multiplier puis quand elles gênent qu’on détruit sans état d’âme ? La population dans sa majorité réprouve toutes ces tueries.
Tueries inutiles puisque cette augmentation des populations de sangliers vient d’un terrain favorable. Nous ne répéterons jamais assez qu’il faut modifier les pratiques agricoles et interdire cette chasse digne des temps préhistoriques pour que les choses s’améliorent. Il est possible, souhaitable et même rentable de financer la mise au point d’un contraceptif spécifique au sanglier pour gérer efficacement cette surpopulation (en accompagnement d’autres mesures spécifiques alternatives ne mettant pas en œuvre de destruction animale). Jean Crousillat affirme que s’il existait une véritable volonté de mettre au point un contraceptif spécifique au sanglier, les chercheurs, avec les moyens financiers nécessaires, ne mettraient pas plus d’un an à le trouver.
Quand va-t-on nous écouter ?


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